Castres. "Damien aimait beaucoup le Huit

Castres. "Damien aimait beaucoup le Huit"

Ce soir aura lieu au quartier Fayolle une cérémonie en souvenir des huit soldats morts en Afghanistan il y a juste 2 ans. Aurore Buil, épouse de Damien, mort dans la vallée d'Uzbin, explique comment elle reconstruit sa vie avec ses deux enfants.
Aurore Buil, l'épouse de Damien Buil, soldat du 8e RPIMa mort il y a tout juste 2 ans aujourd'hui, dans l'attaque de la vallée d'Uzbin en Afghanistan, sera ce soir à Castres. Elle assistera avec quelques autres familles à la cérémonie organisée par le régiment castrais en souvenir des militaires tombés lors de cette tragique attaque. Aurore Buil, qui résidait à Cambounet est repartie vivre plus près de sa région d'origine et de sa famille en Charentes. Elle explique comment aujourd'hui elle revoit ces moments tragiques et se reconstruit.
Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui, deux ans après le drame ?
J'ai toujours ce même sentiment de colère. Nous savons maintenant que cette mission dans la vallée d'Uzbin le 18 août avait été mal préparée en amont et nous voulons que les responsables soient désignés et reconnus coupables.
Vous en voulez à qui en particulier ?
C'est le procès qui est en cours qui le dira. Je ne suis pas qualifiée pour désigner qui que ce soit. Je n'en veux pas à l'Armée Française en particulier ni bien entendu au 8e RPIMa. J'en veux aux hommes qui ont monté cette opération. Damien, mon époux, aimait beaucoup le Huit et son béret rouge. C'était son travail et son régiment. Et en tant qu'épouse de militaire, je dois lui faire honneur. D'ailleurs, j'emmènerai ma fille Lilou, qui a 5 ans, à la cérémonie de Castres ce 18 août et plus tard, quand il sera plus grand, j'emmènerai aussi mon petit Ethan. On se sent très bien auprès de ce régiment et il m'a beaucoup aidée après les événements et m'aide encore aujourd'hui. Ils m'ont toujours dit que je faisais partie de la famille.
Comment vous parvenez à vous reconstruire depuis 2 ans ?
Je me dois de tenir bon pour mes deux enfants, Lilou et Ethan qui est né après la mort de Damien. Je suis obligée. Mon caractère me pousse vers l'avant pour remonter la pente. Avec mes enfants, je parle beaucoup de leur père. Il n'y a pas de sujet tabou. J'ai une nouvelle maison en Charentes et je suis pour quelque temps encore en congé parental pour m'occuper d'eux avant de prendre un poste de personnel civil de la Défense Nationale dans ma région.
Pourquoi êtes vous partie de Castres après le décès de votre mari ?
Je ne me voyais pas rester seule à Cambounet. Toute ma famille est ici en Charentes. J'y suis très entourée. Nous sommes très soudés.
Étiez-vous préparée à un tel drame ?
Damien partageait tout. Et il me disait « on va pas là-bas pour se taper la belote ». Mais il ne m'a jamais dit qu'il allait mourir en Afghanistan. Ceci dit, je comprenais que c'était son métier et les risques que cela suppose.
Deux ans après, les marques de soutien de la population sont toujours importantes ?
Oui, c'est vraiment énorme et toujours très présent. J'ai reçu une quantité incroyable de courriers, d'invitations. Il y a des forums, des groupes facebook et bien d'autres choses. Personne n'a oublié.

10 morts dont 8 du RPIMA

Au cours de l'attaque menée par des insurgés dans la vallée d'Uzbin, en Afghanistan, huit soldats du RPIMa ont trouvé la mort: le sergent Damien Buil, le caporal Kevin Chassaing, l'adjudant Sébastien Devez, le caporal Damien Gaillet, le caporal-chef Nicolas Grégoire, le caporal Julien Le Pahun, le caporal Anthony Rivière, le caporal Alexis Taani.
Au cours de cette attaque, deux soldats d'autres régiments ont trouvé la mort: le sergent Rodolphe Penon, (2e REP) et le caporal Melan Baouma, (Régiment de marche du Tchad)

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