Une disparition mystérieuse
Samedi 30 Octobre 2004, Géraldine Giraud, 36 ans, fille du comédien Roland Giraud séjourne dans la résidence secondaire de la famille, à la Postolle (Yonne), avec Katia Lherbier, 32 ans, une jeune femme qu'elle connaît seulement depuis le 14 octobre 2004 par l'intermédiaire de sa tante, Marie-Christine Van Kempen.
Lundi 1er novembre 2004 - 20 h 15, elle reçoit un dernier appel téléphonique sur son portable. Ce sera l'ultime signe de vie donné par les deux femmes.
Après trois semaines de vaines recherches, un suspect, Jean-Pierre Treiber, 41 ans, est interpellé en Seine-et-Marne le 23 novembre 2005, en possession des cartes bancaires des jeunes femmes et des codes de ces cartes. Le 25, il est mis en examen pour "enlèvements, séquestrations, vols et escroqueries", et écroué à la maison d'arrêt d'Auxerre.
Jean-Pierre Treiber, garde forestier, ouvrier agricole ou bien encore employé dans le BTP , amoureux de la nature, est décrit comme un homme discret et plutôt refermé, parfois impulsif. Selon son épouse, il avait changé, deux ans auparavant en rencontrant un nouvel ami, un homme trouble qualifié d'"escroc".
Le suspect affirme que Géraldine Giraud et Katia Lherbier lui ont remis librement leurs cartes bancaires qu'il a utilisées à plusieurs reprises, notamment pour des achats dans un supermarché. L’enquête démontrera que, contrairement à ses dire, il n’a jamais retiré d’argent le 1er novembre, vers 22h45, non loin de Sens en compagnie d'une des victimes : La vidéo automatique prise devant le distributeur de billets le montre seul tout comme lors d’achats, le 8 novembre, à Pontault-Combault (Seine-et-Marne).
Le 30 novembre 2005, des recherches sont menées dans une propriété de Châtelet-en-Brie (Seine-et-Marne), au lieu-dit de Saveteux, où Jean-Pierre Treiber avait travaillé comme ouvrier agricole ; sans résultat.
Lors de la perquisition menée chez lui dans l’Yonne, les enquêteurs découvrent des traces de sang sur une dague de chasse. Après test ADN, il s’avère que ce sang est d'origine animale. Au cours de son audition, l'homme reconnaît avoir loué une petite pelleteuse pour retirer des souches d'arbres dans son jardin. Cette déclaration mène la police à organiser des fouilles dans le jardin de sa propriété dans le village de Villeneuve-sur-Yonne, où vit la famille de Katia Lherbier, près de sa résidence. Pendant toute la durée des fouilles, Treiber ne dévoile aucune émotion et se montre réticent à collaborer avec les enquêteurs.
Macabre découverte
Le 9 Décembre 2005, l’étau se resserre autour de Jean-Pierre Treiber. Un trousseau de clés ayant appartenant à Géraldine Giraud et un téléphone portable calciné sont découverts dans son petit jardin de 400 m2. L’examen du trousseau montre qu’une des clés permet de pénétrer dans la résidence secondaire de la famille Giraud à La Postolle et une autre d'ouvrir l'appartement parisien de la comédienne. Simultanément la voiture de Géraldine Giraud, une Peugeot 206 gris métallisé, est retrouvée sur le parking de l'hôpital Lariboisière à Paris (IXe), lieu où s'est rendu Jean-Pierre Treiber, selon le relevé de son mobile. En fin de soirée les enquêteurs découvrent deux corps calcinés au fonds d’un puit à proximité de la propriété du suspect. Les résultats des tests ADN confirmeront que ces deux corps sont bien ceux des deux disparues.
L’autopsie révèle que « les deux corps ne présentent pas de traces de violences sexuelles et la mort n'apparaît pas consécutive à des coups, ni à l'usage d'armes blanches ou à feu, mais peut-être à un étouffement ou à un empoisonnement ».
Le 20 Décembre 2004, alors que l’on célèbre les obsèques de Géraldine Giraud, deux jours après celles de son amie, Jean-Pierre Treiber est mis en examen pour "assassinats".
Pendant ce temps-là l’enquête se poursuit et le procureur de la République de Sens, Michel Meurant, révèle que les jeunes femmes seraient mortes après avoir inhalé un gaz, peut-être la chloropicrine, un gaz très toxique, très volatil, qui est utilisé en guise d'insecticide mais également pour détruire un certain nombre de nuisibles dans la chasse. Il sert notamment à tuer les renards.
Treiber, quant à lui continue de nier farouchement toute implication dans ce drame malgré tous les indices graves et concordant qui l’accusent. Il affirme être victime d’une vengeance. Cependant, il affirme dans ces déclarations avoir fait la connaissance des deux jeunes femmes à la terrasse d’un café à la fin de l’été 2004. Or les deux victimes se sont rencontrées pour la première fois le 14 octobre 2004 chez la tante maternelle de Katia Lherbier.
A la recherche de complices
Le 1er mars 2005, la tante maternelle de Géraldine Giraud, Marie-Christine Van Kempen, est placée en garde à vue à Sens durant 31 heures afin de vérifier son emploi du temps, des traces de chloroforme ayant été retrouvées dans sa cave. Or la chloropicrine peut se décomposer en chloroforme ; élément qui justifie cet interrogatoire selon les enquêteurs. De plus des traces de cette substance sont trouvées sur les vêtements que portait l'une des deux femmes - la seconde étant entièrement dénudée - mais aussi sur le scotch avec lequel elles ont été bâillonnées.
Mme Van Kempen est remise en liberté au terme de sa garde à vue aucun élément à charge n’étant retenu contre elle. Elle donnait à son domicile des cours de chant à Katia Lherbier, et celle-ci vivait en colocation avec elle depuis peu.
Par ailleurs, un voisin habitant la même maison que Marie-Christine Van Kempen fait état de cris et de bruits sourds entendus un jour de début novembre 2004, juste après la disparition des deux amies.
Des tests acoustiques sont réalisés à deux reprises en mars et en avril 2005 afin de vérifier s’il est possible d’entendre depuis l’appartement du voisin, des bruits de différentes intensités provenant de la cave, une grande pièce commune aux habitants de la maison. Ces deux séries de tests ne donnent rien de probant.
A la mi-mars, des panneaux portant la mention "ADN" sont retrouvés dans l'Yonne près des tombes de Géraldine Giraud à La Postolle et de Katia Lherbier à Villeneuve-sur-Yonne.
Les policiers sont persuadés que Jean-Pierre Treiber n’a pas pu tuer les deux jeunes femmes, déplacer leurs corps et tenter de les faire disparaître sans l’aide d’un ou plusieurs complices. Un élément vient d’ailleurs confirmer cette hypothèse puisqu’un ruban adhésif ayant servi à bâillonner les victimes est saisi dans un cabanon du jardin du principal suspect. Ce ruban porte des traces d'un ADN masculin qui n'est pas celui de Jean-Pierre Treiber.
Fausses pistes et tests ADN
Le 26 mai 2005, une vaste enquête de voisinage est organisée à Sens dans des bars et différents points de chute de Treiber, pour rechercher d'éventuels témoins, sans résultat.
Début juin 2005, Mme Van Kempen est de nouveau entendue par la police en tant que témoin pour se justifier sur des contacts téléphoniques qu’elle a eu le 2 novembre 2004 avec un homme, considéré comme un trafiquant de stupéfiants, qui est placé en garde à vue quelques heures pour l'enquête. Cette piste est vite écartée par les enquêteurs.
Fin juin 2005, les policiers chargés de l’enquête procèdent à des dizaines de prélèvements ADN parmi une liste de 50 à 70 personnes gravitant de près ou de loin autour de Treiber. Ces tests ont pour but d’identifier l’individu qui a laissé son ADN sur le ruban adhésif trouvé dans le cabanon du suspect.
Les résultats de ces multiples analyses sont attendus après les vacances d’été 2005.